Fuis-moi je te suis… Pourquoi ça marche et comment en sortir ?
Tout le monde connaît cette expression : « Fuis-moi je te suis, suis-moi je te fuis », qui semble applicable si souvent en amour. Elle m’a longtemps laissée dubitative.
Certes, je sais qu’elle décrit une réalité, j’ai déjà vu ce processus à l’œuvre. Mais est-elle aussi généralisable qu’on le dit ?
En me renseignant sur Internet, j’ai vu beaucoup de sites de séduction proposant des méthodes pour l’appliquer, afin de séduire un homme ou une femme. Mais ce ne sera pas mon propos aujourd’hui.
Au contraire, je préfère examiner comment s’en libérer quand un tel « jeu » s’est installé dans une relation, afin d’aller de l’avant. Voyons cela tout de suite !
Comment ça marche ?
D’abord, confirmons-le tout de suite : oui, la règle du « Fuis-moi je te suis, suis-moi je te fuis » décrit de fait une dynamique souvent bien réelle dans la relation amoureuse comme de séduction.
C’est un des mystères de la psyché humaine. Je ne vais pas ici plonger dans les arcanes de notre inconscient, mais décrypter pourquoi, comment, nous obéissons sans le vouloir, parfois même sans le savoir, à ce phénomène.
Pourquoi ça marche ?
D’abord, n’oubliez pas le principe n°1 de la relation amoureuse : elle se joue à deux !
C’est bien sûr évident mais pourtant, quand on a la tête dans nos problèmes ou angoisses, on a trop souvent tendance à l’oublier, à se demander en quoi on est « le problème »…
En réalité, l’autre a ses propres envies, besoins, peurs, façons d’agir et de réagir.
C’est ce qui fait la complexité, mais aussi le charme d’une relation : qu’elle soit installée ou encore dans une phase de rencontre, elle est avant tout une dynamique !
Et comme nous avons chacun(e) notre fierté (« il ou elle ne va pas me résister quand même ? »), et ce que qui est inaccessible est toujours, pour cette raison même, désirable, la notion de défi qui s’ajoute alors rend parfois presque insurmontable ce mouvement sans fin…Il n’est donc pas, en réalité, si étonnant que le « Fuis-moi je te suis… » s’applique si souvent à nos relations.
Au quotidien, même quand nous ne sommes pas enfermé(e)s dans ce maudit précepte, nous l’appliquons, légèrement, naturellement, et simplement.
Du temps passé ensemble, c’est bon. Mais cela appelle aussi un besoin de se retrouver, seul(e) ou avec ses ami(e)s.
Plus le besoin de vous voir est exprimé par quelqu’un, plus celui-ci risque de sembler étouffant. En réalité, le « Fuis-moi je te suis » n’est donc ni pathologique, ni incompréhensible.C’est quand il empêche de construire une relation, qu’il faut en prendre conscience et le désamorcer au plus vite.
C’est ce dont je vais discuter de manière un peu plus approfondie plus bas.
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Combien de temps ça peut durer ?
Le vrai souci, c’est que cela peut durer longtemps ! En effet, il ne faut jamais oublier qu’une relation non encore aboutie apporte également un certain plaisir. On rêve de la personne, de ce qu’on pourrait faire ensemble, on se projette.
C’est aussi ce qui se passe quand, par exemple, on a rompu avec quelqu’un, mais qu’on imagine pouvoir se remettre ensemble et repartir, enfin, du bon pied.
Le temps passé à réfléchir, examiner, discuter, passe sans en avoir l’air.
On ne voit pas, on ne ressent pas qu’en réalité, rien ne se passe, ou tout se passe seulement dans notre tête et jour après jour, mois après mois, on vit une relation, par procuration, en imagination, avec ces fameux papillons dans le ventre qu’il est si bon de ressentir, sans pourtant que rien de solide ne s’établisse.
Je connais des personnes, ou devrais-je dire des couples, qui sont resté(e)s enfermé(e)s des années durant dans ce véritable système !
C’est là bien sûr que la situation est grave et… C’est avant qu’il faut agir. Car là où cela devient piégeux, c’est que le « Fuis-moi je te suis… » met en place une véritable alternance plaisir (quand on croit que ça va enfin fonctionner) et douleur (quand à nouveau plus rien ne paraît possible). Et cela peut se répéter indéfiniment !
Ça ressemble d’ailleurs au cycle de l’addiction, ou à un cercle vicieux à tout le moins. Dès que vous vous sentez prisonnier(ère) de ce schéma, agissez !
" L'amitié, c'est l'antichambre de l'amour." André Gide
Comment en sortir ?
Vous l’avez compris, je me fais clairement l’avocate d’une action en vue de s’extraire de cette dynamique quand elle s’est installée. Mais le propre du cercle vicieux, c’est qu’on ignore comment en sortir. Par quel bout le prendre pour le détordre ? Où est la sortie ? Faut-il tout casser subitement ?
Aller de l’avant?
Non ! Non, il ne faut pas tout casser subitement. Le plus important, le plus difficile aussi, c’est d’abord de prendre conscience de la situation. Si quelque chose de négatif comme cela s’installe, commence à durer, et que vous éprouvez un doute, posez-vous la question, posez-la à vos ami(e)s.
C’est dans ce genre de situation que leur regard extérieur et bienveillant peut être absolument déterminant. Et s’il vous semble en être là, tentez d’abord d’inverser la situation !
Si vous étiez plutôt dans la demande, faites-vous moins présent(e). Si vous étiez au contraire dans la fuite, la peur d’être étouffé(e), prenez le risque, rapprochez-vous.
Le plaisir de la relation pourrait suffire à vous rassurer.
Les fantasmes, au sens des fruits de l’imagination, ne sont parfois que cela, que des fantasmes, reposant sur d’anciennes peurs, parfois infantiles, ou juste issues d’une histoire précédente.
La personne n’est peut-être pas réellement autant en demande que vous le craignez, elle peut juste avoir besoin, occasionnellement, d’être rassurée.
De toute façon, il n’y a qu’une manière de le savoir : se rapprocher, doucement et progressivement, et voir comment vous vous sentez. Si vous vous posez la question, c’est malgré tout que vous ressentez quelque chose pour cette personne, pourquoi ne pas tenter le jeu ?
Mais songez aussi tout simplement à prendre véritablement de la distance.
Quel que soit votre rôle, le « Suis-moi », qui est souvent la partie oubliée de l’équation, peut avoir d’authentiques effets bénéfiques. Bien entendu, nous ne vous recommanderons jamais sur ce blog d’entamer un jeu pervers ou même simplement malicieux avec votre partenaire.
N’essayez pas de calculer, d’alterner le chaud et froid, de vous faire lointain(e) si cela n’est pas votre envie. Simplement, pensez à vous, avant de penser à la relation. Envoyez moins de textos, voyez-vous moins souvent, sachez que vous n’êtes pas obligé(e) de passer la soirée ensemble quand vous vous retrouvez.
Donnez-vous des rendez-vous, comme une soirée ou une sortie cinéma avec des ami(e)s que vous ne voulez pas rater.
Pensez à vous, consacrez du temps à vos loisirs et vos passions. Cela vous permettra de vous sentir moins en prise avec le piège en question, de ressentir plus précisément ce que cette personne vous inspire.
Et en vous rendant plus rare, plus désirable, mais aussi en faisant prendre conscience à l’autre qu’il ou elle risque de vous perdre pour de bon, vous pourriez bien créer, finalement sans chercher à les provoquer, les réactions spontanées que vous attendiez !
C’est souvent quand on ne fait pas ressentir son propre besoin que l’autre éprouvera tout à coup le besoin de répondre à vos attentes…
Un cas particulier : la rupture?
Avant de conclure, j’aimerais m’arrêter sur le cas particulier de la rupture. Car en effet, c’est une situation qui invoque très souvent ce jeu redoutable du « Fuis-moi, je te suis, Suis-moi, je te fuis ».
Quelle que soit sa raison, une rupture est toujours douloureuse, des deux côtés. Il suffit que quelques jours passent pour que remontent en mémoire les bons souvenirs.
L’esprit humain est ainsi fait que, même d’une période pénible, nous retenons majoritairement les bons souvenirs et sommes très doué(e)s pour effacer les autres impitoyablement !
Ce qui est bien sûr une très bonne chose. Mais par conséquent, très souvent, on languit de l’histoire passée, et on caresse un espoir, plus ou moins secret, plus ou moins avoué, de pouvoir tout recommencer.
Et plus l’autre s’éloigne, plus on a le sentiment que quelque chose nous échappe de manière définitive plus, pas toujours mais souvent, on peut avoir envie, à l’inverse, de se battre pour reconstruire quelque chose.
Cela peut être déterminant, notamment, quand nous voyons notre ancien partenaire en quelque galante compagnie, ou apprenons qu’il ou elle a redémarré une autre histoire. J’ai pu remarquer combien ce simple fait pouvait réveiller les émotions et besoin de réconciliation amoureuse avec cet(te) « ex ». Jalousie ? Peut-être, mais pas seulement.
Le désir de renouer une relation qui nous apporté du bonheur, avec quelqu’un pour qui on avait des sentiments, est bien légitime. Bien sûr, savoir si cela est une bonne idée dépend tellement des cas particuliers que je ne me prononcerai pas ici. En revanche, ce qui est certain, c’est qu’après une rupture, moins se voir ne fait qu’augmenter le l’envie de se voir.
De deux choses l’une : soit c’est une prison, soit c’est une chance pour tout reconstruire. En tout état de cause, mon conseil ici sera, pour toutes ces raisons, le même que précédemment : prenez du champ, occupez-vous de vous ! Mettre de la distance ne peut qu’être bénéfique.
Cela vous permettra aussi de faire le point, de rencontrer d’autres personnes et, partant de là, d’être plus au fait de vos sentiments réels, et non pas seulement motivés par la nostalgie ou la jalousie, tout en renforçant vos chances de vous rendre plus désirable aux yeux de l’être aimé.
En un mot, ou plutôt deux : avancez, toujours.
Conclusion
Vous l’avez compris, à mes yeux le « Fuis-moi je te suis… » est une dynamique bien réelle et surtout cela, une dynamique. C’est donc quelque chose dont on peut s’extraire, à condition d’en avoir conscience, de le vouloir, par des actions et des décisions certes souvent difficiles à engager, mais pourtant salutaires.
Ne restez pas dépendant(e) de ce jeu dangereux pour votre équilibre personnel, agissez, dans un sens ou dans l’autre, selon votre nature, mais toujours en vous éloignant de votre zone de confort. Rarement l’expression « Il n’y a que le premier pas qui coûte » ne m’a paru aussi appropriée que pour venir à bout d’un « Fuis-moi je te suis, suis-moi je te fuis ».
Détachez-vous, ou attachez-vous, mais gardez-vous quoiqu’il arrive du mouvement perpétuel qui, s’il n’existe pas dans la nature, peut en revanche bien (trop) de relations sentimentales.
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